Ne pas confondre spoil system et changement
La nouvelle n'a semblé surprendre personne et n'a suscité que quelques vagues commentaires. Quelques jours après l'élection de François Hollande, Fabien Namias a décidé de quitter la direction du service politique de France 2 pour rejoindre Europe 1. Explication de cette auto-sanction par le spécialiste médias du Point : proche de Claude Guéant, Namias a préféré partir que de s'exposer à une prévisible polémique.
Le lendemain, la rédaction de France 3 sortait du douloureux mutisme auquel elle était contrainte depuis cinq ans, pour hurler sa révolte contre les méthodes dictatoriales et brutales d'une direction nommée sous Celui-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom. Une accusation des plus graves dans cette période où chacun doit s'agenouiller devant la sacro-sainte Concertation, Mère de toutes les vertus, Ciment de notre Nouvelle Nation éprise de normalité et de dialogue. Sous-entendu, c'est quand qu'on vire ces collabos et qu'on nomme des potes à nous ?
Le « spoil system » est donc devenu un réflexe naturel pour tous les acteurs de l'audiovisuel public. En toute naïveté, peut-on espérer que le « changement » ne se traduira pas par une énième chasse aux sorcières et une énième promotion des copains ? Que la classe politique fera preuve d'un peu de maturité et finira par comprendre que ça ne sert à rien de vouloir contrôler les médias ? Que la compétence deviendra le critère primordial dans la nomination des dirigeants ? Qu'on laissera un peu de temps aux équipes pour construire un projet cohérent et pérenne ? Et surtout, aurons-nous un jour dans ce pays une vraie réflexion, sereine et constructive, sur la place du service public, son rôle, son financement ?